Seniors, alimentation et immunité

En ce contexte épidémique, nous sommes nombreux à nous préoccuper de la santé des plus âgés. Ils nous paraissent plus vulnérables fassent à ce virus. Les séniors doivent-ils modifier leur alimentation pour réveiller leurs défenses immunitaires ?

Pourquoi la personne âgée est-elle plus vulnérable ?

La fragilité ne concerne pas que les personnes âgées. On peut être fragile à tout âge, du fait d’une maladie, de la prise d’une substance toxique, d’une grossesse, ou encore d’un isolement social.
La fragilité liée au vieillissement débute par une sarcopénie, c’est à dire une fonte des muscles.

A cela s’ajoute la modification des signaux de faim et de satiété, un changement du goût et de L’odorat, une altération du microbiote intestinal. La personne âgée se plaint souvent de pas avoir faim, ni envie de manger. Sarcopénie et perte de l’appétit sont la porte ouverte à la dénutrition, et donc à une altération de l’immunité.

Quelle alimentation pour renforcer le système immunitaire ?

Nutrition et défenses immunitaires sont liées. C’est scientifiquement établi.

Une alimentation équilibrée est le socle d’un système immunitaire performant.

Renforcer l’organisme est donc possible, mais pas n‘importe comment, et encore moins avec n’importe quoi.

On entend partout parler du sélénium, des vitamines B6 et B9, des omégas 3, du zinc, des probiotiques, ou encore des super fruits comme l’acérola ou la bai d’açaï.

On trouve dans les médias une avalanche de produits soi-disant miraculeux.

Mais même les études scientifiques les plus sérieuses peinent à montrer que ces substances seraient des remèdes miracles pour le système immunitaire.

En plus, on peut prendre tous les traitements existants ou suivre de cures réputées, si le contenu de l’assiette n’est pas équilibré, ce ne sera pas vraiment bénéfique.

Alors que faire ?

Attention aux idées fausses !

« Je ne bouge plus, je suis vieux, je n’ai pas besoin de manger trois fois par jour », « à mon âge je n’ai plus besoin de lait », « un yaourt et une soupe me suffiront au diner ». Ou encore « Je suis constipé donc il faut que je mange moins ».

Attention aux idées fausses !

Il faut d’autant plus faire attention à avoir une alimentation équilibrée que l’organisme est fragilisé par le vieillissement. Le système immunitaire a besoin d’énergie. Ce n’est pas le moment d’entreprendre un régime farfelu. Bien sûr, quand on souffre d’une pathologie chronique, un régime alimentaire est parfois nécessaire.

Mais dans ce cas, il faut s’en référer d’abord à son médecin.

Entreprendre un régime saugrenu ferait plus de mal que de bien à un organisme déjà fragilisé.

Un organisme mal nourri n’est pas capable de faire face aux agents pathogènes et tombe plus facilement malade.

Il est essentiel d’apporter suffisamment d’énergie à l’organisme. Ce n’est pas le moment de traquer les kilocalories.

Autre idée fausse :

Il faudrait se gaver de sélénium, vitamines B6 et B9, omégas 3, zinc, lutéine, probiotiques, super fruit comme acérola ou bai d’açaï pour booster le système immunitaire.

On peut tout à fait réveiller ses défenses avec les aliments du quotidien.

D’autant que les personnes âgées n’ont souvent aucune envie de gouter à tous ses produits « miracles ».

Bouleverser les habitudes alimentaires d’une personne âgée provoquerait une forte anxiété.

Ce dont le système immunitaire se passerait bien ! En effet, si le stress n’est pas une maladie, un stress chronique peut favoriser la survenue de maladies parfois graves. Agir, oui, mais tout bouleverser, oui non.

Les séniors ont souvent des habitudes auxquelles ils tiennent.

Les repas doivent rester un moment de plaisir.

Il est essentiel de respecter le rythme de la personne âge.

L’horloge biologique se désynchronise avec le vieillissement, sans que cela ne soit pathologique.

Votre grand-mère n’a pas faim au réveil ?

Qu’à cela ne tienne. Elle prendra un semblant de petit déjeuner dans 2 heures. Elle préfère diner à 18h parce que sinon elle dort mal ? Si c’est possible, en quoi cela serait-il un souci ?

Acceptez que les repères puissent être modifiés avec le vieillissement de l’organisme.

L’assiette « immunité » de la personne âgée

Avec l’âge, les goûts et les envies changent. Les capacités de mastication et de déglutition sont souvent altérées.

Une personne âgée se plaint d’avoir du mal à mâcher ?

Inutile de lui proposer un beefsteak sous prétexte que c’est riche en fer et en protéines. Elle n’en tirera aucun bénéfice physique.

Cela risque de provoquer une souffrance et un mal-être tout aussi mauvais pour sa santé.

Voyons quoi mettre dans l’assiette « immunité » d’un sénior. Si aucun aliment ne peut protéger à lui seul de toutes les maladies, certaines substances ont un rôle important dans la défense de l’organisme.

Les repères d‘une alimentation équilibrée ne sont pas très différents entre un adulte et une personne âgée. Chaque famille d’aliments est à consommer, en proportion raisonnables, en suivant la pyramide alimentaire.

Certains nutriments sont importants pour garder un système immunitaire performant. Chez les séniors, il faut veiller à consommer suffisamment de protéines, de zinc, de fer, d’acides gras essentiels et de vitamine C.

Mais attention !

Proposer de la margarine « enrichie en vitamine A » ou du surimi « riche en zinc » ne serait pas forcément une bonne idée.

D’une part, la physiologie de l’organisme n’apprécie pas les changements trop brusques.

D’autre part, la personne âgée a des habitudes et des repères qu’il convient de respecter.

Vouloir donner à un sénior des pilules d’omégas n’est pas forcément judicieux.

Préférez les aliments que la personne connait à toutes les gélules rose fluo et sirops pétillants au goût amer.

Les protéines sont importantes pour fabriquer les anti corps qui défendent l’organisme vis-à-vis des microbes. Elles doivent apparaitre à tous les repas.

On les trouve dans la viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers ou encore les céréales et les légumes secs.

La viande apporte aussi du fer et du zinc, essentiels pour garder des défenses immunitaires performantes.

Les légumes et les fruits frais sont indispensables. Ils apportent fibres, vitamine C et antioxydants.

Si possible, choisissez-les frais et de saison. Il n’y a plus tellement de nutriments dans une fraise qui a fait le tour de la planète en avion. Pour les légumes, une soupe ou une purée épaisse plaira à un sénior.

Les crudités donnent souvent mal au ventre aux personnes âgées, ou bien sont difficiles à
mâcher. Proposez une compote plutôt que des quartiers de pomme. Les séniors apprécient souvent les textures moulinés, plus douces et faciles à manger.

Si la cuisson et la conservation détruisent une partie des minéraux et des vitamines, les aliments gagnent en digestibilité.

Leurs fibres, ramollies par la cuisson, sont moins agressives pour le système digestif.

Les omégas 3 sont important pour réveiller le système immunitaire. Proposez des sardines en boite, un filet de saumon, et assaisonnez les plats avec de l‘huile de colza ou de noix.

N’oubliez pas !

Avec les années qui passent, il faut absolument éviter la lassitude liée à une nourriture sans goût ou insuffisamment variée. Il ne s’agit pas de vouloir expédier le repas en dix minutes.

Prenez le temps de cuisiner des plats de qualité. Et ne sacrifiez pas la présentation des plats !

De la vaisselle soignée et une jolie nappe sont presque aussi importantes que le contenu de l’assiette. Jouez avec les formes, les couleurs. Ajoutez des fines herbes, saupoudrez quelques épices.

De nombreuses études attestent que l’aspect esthétique joue un rôle important dans la stimulation de l’appétit.

Cela pourrait même compenser la diminution du goût et de l’odorat. Alors avant de penser « immunité », pensez « plaisir »

Docteur Pradère, Médecin Thésé en Santé Publique