Régime diète, détox, jeune, que ce soit après les fêtes, avant l’été ou à la rentrée des vacances, ces mots-là sont partout.

Dans les revues, sur les blogs de santé ou au cours des discussions, le mot « régime » est sur toutes les langues. « Je fais un régime. ». « Que penses-tu de ce nouveau régime ? ». « Que me conseillerais-tu comme régime ? » Comme si le mot « régime » avait remplacé le mot « alimentation ». Alors qu’il s’agit avant tout de se nourrir !

On est bien loin du comportement instinctif de l’acte de manger !

Mais d’abord qu’est-ce qu’un régime ?

Régime », ça veut dire quoi ?

Au sens strict, un régime est un « ensemble de prescriptions concernant les aliments et destinées à maintenir ou à rétablir la santé » (Larousse). C’est donc d’une façon de s’alimenter avec des règles, des interdits, des consignes, des prescriptions. Rien à voir avec une alimentation qui respecterait les besoins et les sensations physiologiques, le ressenti, les goûts et les habitudes.

Si vous entamez un régime, il vous faudra vous plier à des règles souvent bien éloignées de vos habitudes et de ce qui vous correspond. Jeun de 12 h, interdiction des produits laitiers, diner « soupe », horaires imposés à respecter……

Bref. Rien qui ne respecte ce que vous êtes, ce que vous aimez et ce que vous ressentez. A partir de là, pas étonnant que ce soit un aller simple vers un échec.
Pire encore, dans la plupart des cas, les régimes sont suivis d’une reprise de poids ! Alors s’il faut se restreindre, se contraindre, se couper de la vie sociale et développer des phobies alimentaires, pour ensuite reprendre plus de poids que l’on en avait au départ, êtes-vous sûr que ça en vaut la peine ?

95% des régimes sont des échecs

C’est absurde mais c’est prouvé : la quasi-totalité des régimes conduisent à une reprise de poids.

En 2010, un rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) a fait suite à un long processus d’expertise collective. Le rapport a été réalisé par un groupe de travail composé de scientifiques et d’experts en nutrition. Il a été validé par le comité d’experts spécialisés.

Les régimes étudiés par l’Anses étaient ceux qui sont les plus fréquemment cités sur Internet ou ceux correspondant aux livres les plus vendus dans le commerce ou sur Internet. Quinze régimes ont ainsi été sélectionnés.

Les conclusions sont sans appel. Déséquilibres nutritionnels, carences, perte d’estime de soi, dépression, reprise pondérale….Voilà à quoi nous conduisent la quasi-totalité des régimes.

Rien de très réjouissant. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces régimes ne sont pas équilibrés. Trop de protéines, pas assez de graisses ou encore excès de sel, ils ne respectent pas les recommandations nutritionnelles. Il existe quelques régimes plus équilibrés. Mais même ceux-là ne respectent ni les envies, ni les gouts et les habitudes de chacun.

Avez-vous envie de ça ?

Vous entamez un régime protéiné ? Il va falloir manger du poulet et des œufs 3 voire 4 fois par jour.
Sauf que vous avez du mal avec la volaille et préférez les plats de pâtes. Dommage…Alors pourquoi par un régime alternatif ? Très bien. Alors mettez-vous à table à 8 h et à 17h, ni avant ni après.

Pas de chance ; vous sortez du travail à 18h.

La dictature des régimes

Un régime est un mode de vie imposé, basé sur des théories plus ou moins farfelues, qui ne respectent pas du tout le mode de vie de l’individu. Pas étonnant que l’on reprenne du poids quand on reprend une alimentation normale ! Plus vous privez votre organisme, plus il apprend à stocker une fois que vous vous remettez à manger normalement. Le métabolisme de base, c’est-à-dire l’énergie qui est utilisé pour assurer les fonctions vitales de l’organisme, diminue.

Votre corps apprend à fonctionner avec peu. Simple question de survie. Il devient de plus en plus difficile de perdre du poids. Alors logiquement, vous entamez un second régime. «

Le premier n’était pas le bon ». « Je ne l’ai pas suivi correctement » Peu importe la raison. Vous vous lancez dans un nouveau régime pour une autre reprise de poids. Et c’est la boucle infernale.

La machine infernale des yoyos

Régime, reprise de poids. Régimes, reprise de poids. C’est un cercle vicieux avec de fâcheuses conséquences, tant pour le corps que pour le moral. Ne parlons même pas de l’estime de soi…

Ces yoyos de la balance sont un signal d’alarme pour le corps qui développe des mécanismes de résistance. Avec à la clef le risque de développer des troubles du comportement alimentaire :phobies, orthorexie ou encore isolement social, quand ce n’est pas carrément une véritable dépression. Tout simplement car ces régimes prétendus « miracles » ne sont d’abord pas équilibrés.

Il n’y a pas que l’assiette !

Le poids n’est pas qu’une question de calories et d’aliments. Ce serait trop simple. Avant ce que l’on met dans son assiette, c’est « pourquoi » on le fait qu’il faut essayer de comprendre. Le petit carré de chocolat après le café, vous ne pouvez pas vous en passez ? Demandez-vous pourquoi : petit moment de réconfort, partage de moment avec les collègues… ?

Vous dinez tous les soirs devant la télévision ? Est-ce parce que vous avez un coup de blues en fin de la journée ? Parce que vous vous sentez seul et avez besoin de réconfort ? Parce que vous avez la flemme de vous mettre en cuisine ?

C’est tout cela qu’il faut essayer de comprendre, avant même de penser à changer son alimentation.

Prenez le temps, pendant quelques semaines, de tenir un journal dans lequel vous notez à chaque fois que vous mangez quelque chose, l’heure, à laquelle vous mangez, avec qui, le lieu, votre humeur et ce que vous ressentez. Ça vous permet de s’écouter, de reprendre contact avec votre fonctionnement et avec ce qui vous conduit à adopter un certain comportement alimentaire.

Faisons le point

Avant de vous lancer dans un régime plus ou moins farfelu, vous êtes-vous réellement demandé si vous avez besoin de perdre du poids ? Une étude réalisée dans le cadre de Nutrinet-Santé* a révélé qu’en France, sept femmes sur dix et un homme sur deux aimeraient perdre du poids.

Peser moins semble donc être une obsession chez les Français. Mais pour quelle raison ? Pour « se sentir mieux » ont répondu 49,6% des sondés. 12,4% ont invoqué des « raisons esthétiques » et seulement 11,8% des « problèmes de santé liés au surpoids ». La santé est donc bien loin d’être la raison qui nous poussent à entamer un régime. Et alors perdre du poids fera bien plus de mal que de bien. Carences, fatigue, perte de moral, dépression ou troubles du comportement alimentaire, les conséquences sont nombreuses. Elles peuvent être graves si le régime se prolonge.

Il y a un problème d’image corporelle dans notre société. Certaines personnes veulent maigrir alors qu’elles n’ont aucune raison de le faire. Apprenons à être un peu plus tolérant avec nous-même, et cessons de nous voir toujours de travers dans le miroir …

La clé de la réussite ?

Il n’y a pas une solution unique à un problème aussi complexe que le surpoids. Arrêtons de penser qu’il y a opposition entre les recommandations nutritionnelles et le désir de bien manger. Si on a une fois subitement envie de trois parts de brownies, pourquoi pas ? Du moment que ce n’est pas tous les jours !

L’équilibre de l’alimentation se fait sur plusieurs jours. Si vous lui faites confiance, votre organisme rattrapera tout seul un excès de table.

Pour perdre un peu de poids, la seule solution efficace est de suivre les recommandations
nutritionnelles sur la durée.

Ces recommandations pourraient tenir en trois mots : « augmenter », « essayer », « réduire ».

Augmentez les fruits et légumes, les légumes secs, les fruits à coque comme les noix et les amandes, le « fait maison ». Ne pas oublier l’activité physique !

Essayez le pain complet plutôt que la baguette, les pâtes et le riz complets plutôt que les céréales raffinées. Alternez entre poissons gras et poissons maigres. Préférez l’huile de colza, d’olive et noix.

Optez pour les aliments de saison et produits localement. S’assurer de consommer assez de produits laitiers et si possible optez pour des aliments bio, surtout pour ceux qui sont le plus pollués.

Réduire l’alcool bien sûr, mais aussi les produits sucrés, les produits très salés, la charcuterie, les viandes, et …le temps passé assis !

Il n’y a pas que l’assiette qui compte

Au-delà de ce qu’i y a dans notre assiette l’alimentation, notre poids dépend de tout votre mode de vie. Prenez le temps de revoir votre quotidien : marchez-vous trente minutes dans la journée, dormez -vous suffisamment, êtes-vous souvent angoissé ? Il n’y a que comme ça qu’à long terme, on peut avoir un poids stable, voire perdre, sur quelques années, ; ces quelques kilos…

En continuant à se faire plaisir.

Docteur Pradère, Médecin en santé Publique