La France est réputée comme une terre de grands crus et d’alcool renommées. Nombreux sont les étrangers qui viennent découvrir en France des vins mondialement connus. C’est une richesse de notre pays, inutile de le nier. Mais si l’alcool fait partie de notre patrimoine, elle peut vite devenir une menace pour notre santé.
En cette période de fêtes, nous avons tous envie de nous réunir en famille ou entre amis, autour d’un bon repas. Et qui dit « bon repas » dit « boissons pour l’accompagner ». Comment gérer la consommation d’alcool pendant les fêtes, pour que ça reste un plaisir sans mettre en danger notre santé ?
Qu’est-ce que l’alcool ? Quels risques représente-t-elle pour la santé ?
L’alcool provient de la fermentation de fruits, de grains, ou encore de tubercules. Une fois ingérée, l’alcool atteint très vite le système nerveux, les poumons et le foie : en 10 minutes seulement. Le foie est chargé d’éliminer la quasi-totalité de l’alcool absorbée. Le rein, la peau, les poumons n’en prennent en charge que 5%. Mais ces moyennes sont variables en fonction du profil du buveur.
La femme, du fait de sa masse grasse plus importante, a un taux d’alcoolémie plus élevée qu’un homme, pour une même quantité ingérée. L’âge est aussi un facteur de variabilité, car la répartition masse grasse/masse maigre évolue au cour de la vie.
L’alcool est un psychoactif : elle modifie le ressenti, les comportements, les perceptions. On ressent de la détente, voire une légère euphorie après une petite consommation d’alcool. Mais à plus forte dose, le buveur risque une ivresse, une décoordination des mouvements, des troubles de la vigilance, une hypothermie (diminution de la température corporelle), voire un coma éthylique.
Attention ! Femmes enceintes, enfants, et personnes qui conduisent, passez votre chemin !Pendant la grossesse, c’est tolérance ZERO. La consommation d’alcool chez une femme enceinte peut avoir de graves conséquences sur le fœtus, On parle de syndrome d’alcoolisation fœtale. Alors si vous attendez un enfant, choisissez un jus de fruit ou une limonade. Vous dégusterez une coupe de champagne l’an prochain ! Quant aux enfants, et aux personnes qui conduisent, ils devront aussi s’abstenir.
Quelles sont nos habitudes de consommation ?
La France reste au 6e rang parmi les pays de l’OCDE. Même si la France est réputée pour ses vins qui se dégustent, l’alcool fait des ravages.
Plus de 49 000 décès sont attribuables environ chaque année à l’alcool. C’est une cause importante de mortalité prématurée. Dans 40% des cas, les décès surviennent avant l‘âge de 65 ans. Cancers, maladies digestives comme la cirrhose, ou encore suicide, les causes de mortalité liées à l’alcool sont nombreuses. Et les femmes ne sont pas épargnées !
Pourtant, l’alcool, à petite dose, pourrait être bénéfique à la santé. Des études épidémiologiques de grande ampleur tendent à montrer qu’une consommation modérée d’alcool pourrait diminuer la mortalité cardio vasculaire. Le rapport bénéfices risque est encore mal connu, alors mieux vaut être prudent…
De simples repères de consommation
Rappelons-le : si vous êtes une enceinte, que vous suivez certains traitements comme des psychotropes ou des médicaments contre le diabète, ou que vous allez prendre le volant, passez votre chemin. Ce qui suit ne vous concerne pas.
Pour les autres, il s’agit de faire la différence entre une consommation mesurée, source de plaisir, et l’abus, vers lequel on peut très vite déraper. En 2019, Santé Publique France a émis de nouvelles recommandations :
– ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour
– avoir des jours dans la semaine sans consommation
Un verre de whisky, un verre de vin, une bière, une coupe de champagne de 10 cl à 12° ou encore un verre de pastis, servis dans un récipient prévu pour ça, contiennent environ 10 g d’alcool pur. Mais si vous servez votre porto dans un verre à vin, c’est bien plus !
Quant aux « premix », alerte rouge !
Sous des faux airs de douceur et de suavité, ces boissons sont des mélanges d’alcool et de sodas. Très sucrées, elles sont souvent prisées par les jeunes.
D’une saveur douce, elles font oublier qu’il s’agit d’alcool. A la clé, un risque d’ivresse, d’accidents, voire de coma.
De même pour certaines boissons énergisantes, qui contiennent une quantité non négligeable d’alcool.
Comment profiter des fêtes sans risque pour sa santé ?
Soyons honnête, il n’existe pas de consommation d’alcool sans risque. Une règle d’or : pas plus de quatre verres en une seule occasion, de façon exceptionnelle.
Avec ces repères en tête, il existe quelques petites astuces pour éviter la « gueule de bois ». Le foie va être mis à contribution après une soirée arrosée. Alors autant lui faciliter le travail !
– Evitez de boire de l’alcool à jeun. Quand l’estomac est vide, l’alcool arrive bien plus rapidement dans le sang, et donc dans les organes comme le cerveau ou les poumons. Grignotez quelques olives ou noix de cajou avant de boire.
– Le potassium et les lipides réduisent la vitesse de passage de l’alcool dans le sang. Prenez unebanane, riche en potassium ou une tartine de foie gras. Ce sont les fêtes…
– Pensez à boire de l’eau : l‘alcool représente un risque de déshydratation. Alternez verre de vin et verre d’eau, posez votre verre, et ne vous obligez pas à finir votre coupe de champagne ni à vous resservir.
On peut envisager les fêtes sans alcool, mais on peut aussi faire rimer sa consommation avec plaisir. Choisissez un bon vin, un champagne de qualité. Soyez la présentation, proposez de jolis verres. Réservez cette dégustation à des occasions uniques, partagées avec vos proches ou vos amis. Cela ne doit pas devenir une habitude. Chacun doit être responsable de sa propre consommation. Si l’alcool fait partie de la fête, elle n’est pas la seule source de plaisir
Docteur Pradère